Selon le chercheur, les facteurs environnementaux –
pollution, agents infectieux, tabac, aliments et autres – contribuent de plus en plus à l’émergence
des épidémies et des maladies chroniques. « Ceux-ci s’ajoutent les uns aux autres. Leurs effets
nocifs combinés sont à l’origine de plusieurs maladies chroniques, comme les troubles cardiovasculaires,
la maladie d’Alzheimer et le cancer », soutient-il.
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L’association de ces
facteurs génère, à l’intérieur de nos propres cellules, le stress oxydatif, avance Luc Montagnier.
Il s’agit d’un déséquilibre chimique entre des molécules dérivées de l’oxygène
– les radicaux libres – et le système immunitaire.
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Plus une personne vieillit, plus son système immunitaire perd de sa capacité antioxydante,
la rendant ainsi plus vulnérable au stress oxydatif. « Dans un contexte où les populations occidentales
vieillissent rapidement, il importe de les protéger pour réduire la pression sur les systèmes de santé »,
explique Luc Montagnier. Et pour atténuer l’effet néfaste de ce stress oxydatif, il propose deux stratégies
préventives: miser sur les antioxydants et mettre sur pied des centres de prévention.
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Prévenir par les antioxydants
Selon Luc Montagnier, les aliments ne suffisent pas
à pallier les carences en antioxydants. Il encourage donc la prise de suppléments. Il cite en exemple l’étude
SUVIMAX2 menée auprès d’environ
13 000 Français. Les hommes à qui on a donné des antioxydants auraient diminué de 31 %
leur risque d’être atteint de cancer, et de 37 % le risque d’en mourir. « Mais la prise
de suppléments ne doit pas se faire n’importe comment, avertit-il. Ils devraient être vendus sur ordonnance,
suivant un examen complet du patient. » Selon Luc Montagnier, les gouvernements devraient financer des recherches
sur l’efficacité des suppléments d’antioxydants « qui n’intéressent pas
les pharmaceutiques parce qu’elles ne peuvent breveter des plantes et des minéraux », indique-t-il
Des
centres de prévention
Le
chercheur français propose de créer des centres de prévention comme cela se fait actuellement sur une
base expérimentale en France et en Italie. Afin de prévenir la maladie, les usagers s’y rendraient une
à deux fois par année pour y subir des tests. Les résultats serviraient à dresser un bilan de
santé de la personne et évaluer le degré de stress oxydatif que son corps subit. « On peut,
de cette manière, détecter les facteurs de risque d’une maladie chronique en devenir, et remédier
aux déficits constatés pour éviter la maladie », explique le scientifique.
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Luc Montagnier
croit qu’il faudra de 10 ans à 20 ans pour implanter ce qu’il nomme un « système
évolué en médecine préventive ». Pour y arriver, il propose une démarche par
étapes. « Il faut montrer que le système fonctionne, par l’implantation de quelques centres-pilotes.
Ensuite, l’étendre petit à petit, selon la volonté politique et la pression de l’opinion
publique, afin de vraiment profiter de ce passage dans l’univers qu’est la vie », conclut-il avec philosophie.
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Le Dr Luc Montagnier a oeuvré principalement à l'Institut Pasteur, en France.
Il a découvert en 1983, avec son équipe de chercheurs, le virus HIV associé au sida et a acquis dès
lors une renommée mondiale.
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